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Ma mère veille

Écrit et interprété par Stéphanie Pin. Mis en scène par Olivier Villanove.

Présentation

Le spectateur est invité à s’asseoir dans le cercle et à prendre part à la réunion de la famille de Marina….
Elle a 12 ans, c’est la petite dernière. Elle a une soeur de 17 ans son aînée et un frère. Elle vient d’apprendre que celle qu’elle croyait être sa mère est en fait sa grand-mère.
Mais alors qui est sa mère ? Et sa soeur ? Et son père ?
Ce jour-là, sa vie bascule. Ce jour-là ? Depuis quand sait-elle la vérité ? Quelle est-elle vraiment ? Et pour les autres : sa mère, ses amis, son père, son grand-père, son frère ? Et pour la narratrice ?
Écoutons chacun nous raconter sa version des faits, sa vision des choses. Et se raconter lui, ses espérances, ses souffrances, ses luttes. Mais ne nous racontons pas d’histoires !
« Dans une famille, les enfants et les chiens savent tout, toujours, et surtout ce qu’on ne leur dit pas. » disait Françoise Dolto.

La narratrice raconte le collectage de l’histoire de Marina, surgissent alors les personnages : Lucile, Bertrand, Maurice, Sophie, etc.

Quels liens se tissent entre la narratrice et les protagonistes de cette histoire ?
Quels échos à notre propre histoire, nos propres secrets de famille ?

Note d'intention

« Chaque enfant nouveau né, fait d’une femme respective naître une mère.
Un enfant finalement est celui qui met la mère au monde. »
« Devenir mère est un bouleversement. Alors que les femmes sont mères depuis des générations, cet acte qui semble des plus naturels n’est pas aussi simple à gérer pour les femmes, ni pour les hommes. Souvent la naissance renvoie chacun à sa propre enfance, à son rapport avec sa mère.
Toute mère est en situation difficile !
En devenant mère moi-même, je me suis sentie plus vulnérable que jamais, et habitée par une crainte permanente : ne pas les perdre !
Mais que transmet-on à son enfant ? Est-on conscient de ce qui nous a été transmis ? Et de ce qu’on transmet à son tour ? Comment casser le fil ? Qu’est-ce qui permet à chaque individu de se construire ? Quel est le rôle de la mère dans cette construction ? Quels secrets, quelles histoires portons-nous malgré nous ? Peut-on agir sur ces fantômes qui nous enchaînent ?
Un enfant donne et retire simultanément la vie.
J’ai voulu, à partir du réel, créer un spectacle poétique qui interroge sur la transmission et les secrets de famille. Ce projet s’appuie sur des témoignages de particuliers (mères, parents, enfants devenus adultes, adolescents…) et des synthèses de professionnels (psychologues, pédopsychiatres, éducateurs spécialisés, psychogénéalogistes….).
Il s’est articulé autour de plusieurs étapes, un travail de collectage d’histoires individuelles dans un premier temps, puis une phase d’écriture, de réécriture ensuite, d’adaptation scénique et de création enfin, qui a été présentée devant un public témoin. Suite à cette première restitution, une deuxième phase de création a pu aboutir au spectacle final. »


Stéphanie Pin

Note du metteur en scène

« Stéphanie,

je la connais depuis longtemps,
depuis que je suis devenu conteur. 
Je l’ai vue porteuse de projet au Sénégal, conductrice de théâtre forum,
chercheuse, curieuse de recherche artistique,
 expérimentatrice de formes originales et pas toujours évidentes à recevoir.
 
Stéphanie,
je l’ai eu plusieurs fois en stage de conte.
J’ai découvert, au-delà de son masque rieur et léger,
une femme sensible, au verbe poignant et à la parole sincère.
 
Quand elle m’a demandé de l’accompagner sur son projet,
je n’ai pas hésité à la suivre.
 
Je sais que la route sera longue pour accoucher d’une parole personnelle
et intime, choix qu’elle a fait.
Il faut être patient et obstiné pour accomplir ce travail.
Ecrire un solo ne se fait pas en un jour.
 
Elle s’est mise en route.
Que veut-elle dire vraiment ?
Elle a commencé son collectage,
puis s’est lancée dans l’écriture,
une écriture personnelle pour arriver à l’universel
 
Je veux voir Stéphanie sur scène, sans artifice, dans une parole nue.
Je veux voir Stéphanie sincère et touchante,
sans besoin de savoir si cela sera grave ou drôle.
Cela viendra après.
 
Aujourd’hui, je suis à son écoute et la pousse dans son désir,
La retiens dans sa fougue et la guide dans ses choix.
En aucun cas je ne veux écrire ses mots, écrire ses gestes.
Juste révéler une singularité
qui, je le sais, peut nous toucher, 
tous »
 
 
Olivier Villanove.

Extrait

J’ai voulu écrire un spectacle sur les mères et la transmission dans des situations
difficiles. Une psychanalyste m’a dit que toute mère était en situation difficile !
Puis au fur et à mesure de mes recherches, je me suis aperçue que ce qui m’intéressait particulièrement c’était la transmission, l’inconscient et les secrets de famille.
J’ai alors rencontré plusieurs personnes, des femmes, des mères qui m’ont raconté leur histoire.
Et puis j’ai rencontré Marina. Elle m’avait donné rendez-vous. J’ai sonné, elle m’a ouvert la porte. Elle était souriante, les yeux pétillants, toute vêtue de jeans. Elle m’a invitée à entrer. Nous avons emprunté le couloir jusqu’au salon. Elle m’a proposé de m’installer sur un des canapés de cuir beige. Elle m’a offert un café.
Elle était décontractée, elle s’est assise confortablement en face de moi et m’a dit
« qu’est-ce que tu veux que je te raconte ? »
Ton histoire.
(…)
Quand le feuilleton a été terminé, sa mère a éteint le poste et lui a dit « Marina, ma chérie il faut que je te parle…» Marina l’a regardée. Elle était grave, sérieuse, un peu blanche aussi comme l’autre jour. Merde, s’est dit Marina, qu’est-ce que j’ai fait, elle va m’engueuler ? Mais elle l’a prise dans ses bras et lui a dit, tout doucement, comme quand elle lui chantait des berceuses petite : « Je ne suis pas ta mère. »

Bibliographie

– ‘Ta mère de Bernardo Carvalho.
– Ma mère mon miroir de Nancy Friday.
– Paroles de femmes sous la direction de Jean-Pierre Guéno.
– Le journal de Peter de Sébastien Perez et Martin Maniez.
– Les pères et les mères de Aldo Naouri.
– Naissances de Pierre Péju.
– L’autre fille de Annie Ernaud.
– C’est pour ton bien et l’enfant sur doué de Alice Miller.
– Incendies de Wajdi Mouawad.
– Mère épuisée de Stéphanie Allenou.
– Le sens de la vie de Rudolf Steiner.
– L’effet-mère de Dominique Guyamond.
– Vingt quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Sweig.
– Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine le Vigan.
– Aïe, mes aïeux ! de Anne Ancelin Schützenberger.
– Comment paye-t-on les fautes de ces ancêtres de Nina Canault.

Fiche technique